La nouvelle donne des ports de commerce français


Article proposé pour le groupe X-Mer- G.Caude, Ingénieur Général des Ponts Eaux et Forets, et Directeur Général de l'Union Française des Ports


La nouvelle donne des ports de commerce français

Résumé  : Les ports de commerce sont un élément essentiel de notre commerce international. Leur localisation est leur atout principal, lié à la présence de la France au cœur de l’Europe. Les ports de commerce français sont en pleine transformation,  pour exprimer pleinement leur potentiel. Les nouvelles modalités de gestion (loi sur la réforme portuaire) donnent aux opérateurs des terminaux un rôle similaire au leur dans les ports de la mer du Nord ; les plans de développement permettront d’accueillir de nouveaux navires, de nouvelles activités. X Mer s’était rendu à Lorient en 2010, à Saint Nazaire en 2011, et organise cette année, le vendredi après midi 1 juin et le samedi 2 juin, une visite des trois ports de la vallée de la Seine, Paris, Rouen, Le Havre, qui mettra en évidence la  profonde mutation de ces ports, qui constituent l’axe maritime de desserte du Grand Paris. X mer préparera d’autres visites de Port en 2012 afin de mesurer sur le terrain l’ampleur et la variété des activités maritimes.

 

1-      Le  système portuaire français : des atouts majeurs pour affronter la compétition acharnée dans le monde de la logistique

Pour notre commerce international, le système français des ports maritimes de commerce français est vital. En termes d’emploi, il occupe environ 10 000 emplois directs dans les établissements portuaires et 30 000 emplois induits.

Il est composé de ports principaux et d’un réseau de ports secondaires : si l’on simplifie en laissant de côté la nature juridique des ports et en prenant la vision européenne des réseaux transeuropéensde  transports (RTE-T)avec un réseau central et un réseau extensif, on obtient par façade maritime à peu près la répartition suivante :

 

Mer du Nord et Manche

Atlantique

Méditerranée

Départements d’Outre-mer

Réseau central

Dunkerque- Calais-Rouen- Le Havre-

Nantes-Saint Nazaire, Bordeaux

Marseille

 

Réseau extensif

Dieppe-Caen- Cherbourg- Saint Malo

Brest- Lorient- La Rochelle- Bayonne

Port La Nouvelle- Sète- Toulon- Nice- Bastia

Fort de France, Guadeloupe, Degrad des Cannes, Réunion

 

En volume la capacité de transit du fret par nos ports dépasse les 400 millions de tonnes : de tels volumes de transbordement ont été à peu près atteints en 2008 juste avant la crise.

Il est très courant d’entendre ou de lire que les principaux ports français sont Anvers ou Rotterdam : en réalité sur les quelque 570 à 600 MT de notre fret maritime, les 2 tiers transitent par les ports français et le tiers restant par d’autres ports européens.

Il est vrai que le classement des ports européens donne les résultats suivants :

Trafic 2008des vingt premiers ports maritimes européens  (source EUROSTAT)

 

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Ce tableau montre clairement qu’avant la crise et la mise en place de la réforme portuaire les trois premiers ports français se situaient dans une position raisonnable dans le TOP 20 des ports européens.

Leurs postes à quai et leurs équipements leur permettent d’accueillir aujourd’hui les plus grands navires : pétroliers de 400 000 tonnes à Antifer ou à Fos, porte-conteneurs géants comme ceux commandés en 2010 par Maersk avec une capacité de 18 000 conteneurs de vingt pieds.

2-      Des ports en pleine transformation

A grands traits et sans établir de hiérarchie, les enjeux actuels m’apparaissent être les suivants :

Une adaptation logistique constanteaux évolutions de capacité des navires voulues par les armateurs, notamment du côté des acheminements terrestres en renforçant le recours aux modes de transports massifiés que sont le fer et le fleuve, ce qui peut justifier des collaborations accrues comme celle qui progresse vite sur l’axe Seine entre Paris-Rouen et Le Havre grâce à la vision du grand Paris

La réussite des réformes engagées en 1992 et parachevée avec la loi de 2008 pour mettre les grands ports maritimes (les sept anciens ports autonomes maritimes) sur un pied d’égalité avec leurs concurrents européens et regagner les parts de marché perdues, notamment depuis 2009.

Anticiper et accompagner les grande évolutions dans le mix de production énergétique vers une économie nationale moins riche en production de carbone, ce qui justifie par exemple que les ports des façades Mer du Nord-Manche-Atlantique soient très présents pour servir de plateforme de montage et de maintenance des grande fermes éoliennes offshore , qu’ils favorisent l’alimentation électrique des navires à quai ou les projets industriels de séquestration de CO2.

Permettre un développement durable local, ce que le modèle de port hanséatique a très bien permis de faire historiquement en unissant ville de commerce et port ,ce qui suppose de travailler à une convergence résolue d’intérêts des acteurs y compris au plan de l’environnement et de la préservation de la biodiversité ou de fluidifier les flux logistiques pour limiter les saturations aux abords du port et pour mieux répartir les activités qui en découlent dans l’hinterland portuaire.

Renouveler les métiers portuaires, ce que le développement des TIC a très largement permis d’engager et déployer plus complètement la notion de Cluster portuaire en faisant réfléchir ensemble les communautés de l’on-shore et de l’off-shore.

 

3        Quelques projets majeurs en cours

Sans faire d’inventaire à la Prévert,l’Union des ports de France a coutume de citer :

-         des extensions  de capacité portuaire: achèvement de la 2e phase de Port 2000 au Havre, l’achèvement des nouveaux terminaux à conteneurs à Fos 2XL et la mise à l’étude d’un terminal méthanier, le projet d’extension du port de Calais( Calais-2015), le creusement des darses de la Baltique et du Pacifique à Dunkerque, l’approfondissement du chenal d’accès à Rouen…; à Nantes-Saint Nazaire, les travaux permettant l'accueil des navires QMax (GNL), l'extension du terminal à conteneurs et l'aménagement de zones pour les énergies marines renouvelables

 

-         la construction de nouveaux terminaux : réception de GNL, notamment à Dunkerque ; construction du nouveau terminal de Grattequina à Bordeaux pour les trafics de granulats et d'éoliennes

 

-         le développement de schémas nouveaux d’organisation sur les terminaux portuaires pour en augmenter la productivité et  améliorer l’attractivité des ports français pour les opérateurs et les investisseurs privés

 

-         l’amélioration de la liaison terrestre en transports massifiés (rail et voie d’eau) : terminal multimodal au Havre,le terminal de transport combiné de Marseille, le lancement d’un nouvel opérateur ferroviaire portuaire à La Rochelle, le chantier de transport combiné à Marseille, la coopération entre ports maritimes et ports intérieurs…

 

-         le développement du cabotage maritime et des autoroutes de la mer, notamment la ligne Nantes-Gijón ouverte en septembre 2010.

 

-         la mise en synergie des acteurs industriels pour garantir la possibilité du développement à long terme avec le projet VASCO, porté par le Port de Marseille/Fos, qui vise à élaborer des solutions sur le captage, le stockage et la valorisation du CO2 à travers un programme de R&D.


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