Traversée de l’Atlantique à la rame - 4 femmes, 1 océan, 64 jours
Par Boris Cousin le lundi, mai 3 2010, 18:24 - Divers - Lien permanent
Catherine REMY (X98), Laurence GRAND-CLEMENT (X97), Quitterie MARQUE (X97), et Laurence De RANCOURT ont suivi les traces de Christophe Colomb en reliant les Canaries (La Gomera) aux Caraïbes (Antigua) en 64 jours.
Elles sont parties le 4 Janvier dernier, en même temps que 31 autres bateaux du Woodvale Challenge[1], et ont touché terre le 9 Mars, se plaçant 4èmes au classement général et 1ères de leur catégorie.
Retour sur l’aventure
Importance de la préparation
C’est une évidence mais il bon de le dire et de le redire : la clef de ce succès réside dans la préparation. Nous avons en effet planché sur le sujet pendant les quelques 18mois qui ont précédé le départ. La traversée en tant que telle fut finalement la cerise sur le gâteau.
Les préparatifs ont couvert divers sujets. Certes il nous fallait nous entraîner et préparer le bateau, mais également partir en campagne pour lever des fonds ou les partenariats techniques et créer la structure pour les recevoir.
Route et système météo
Le départ, initialement prévu début Décembre, a finalement été donné un mois plus tard, faute de fenêtre météo pour lance lancer la flotte dans l’immensité de l’Atlantique. Cela laissait présager des conditions que nous avons rencontrées. En effet, une coquille de noix comme la nôtre -8m de long sur 2m de large- est extrêmement sensible aux conditions de navigation (vent, houle, courant). 10 nœuds de vent d’Ouest suffisent à nous faire reculer vers l’Afrique !
Nous avions établie une route optimale en fonction des données statistiques pour cette période de l’année : cap au Sud Ouest pour le premier tiers du trajet, puis Ouest au large du Cap Vert afin de profiter des Alizés. Nous avons du réagir face aux éléments que nous rencontrions… Nous avons plongé plus au Sud afin d’échapper aux dépressions qui défilaient vers l’Ouest, et afin de partir en quête des alizés, grands absents cette année ! Nous avions pour nous aider dans nos choix un routeur basé à Paris, Jean-Philippe RICARD (X97). Au jour le jour, nous décidions avec lui du cap à prendre pour optimiser au mieux notre route.
Nous avons optimisé autant que faire se pouvait mais avons tout de même été prises dans une dépression au milieu de la traversée. Nous avons alors du nous mettre sur ancre de mer afin de ralentir autant que possible notre dérive vers l’Est.
Pendant la traversée
Le quotidien est sain, très sain ! Le bateau dispose de deux postes de rame. Nous ramions deux par deux, nous relayant 24/24, toutes les 1h30 la journée et toutes les 2h la nuit. Il y avait donc en permanence sur le bateau deux personnes de repos et deux personnes de quart.
Les conditions ont été assez sport au départ et à l’arrivée : nous avons du faire avec des creux de 4-5m au large des Canaries et essuyé deux gros grains au large des Caraïbes.
Nous avons ramé pendant 64jours sans voir de bateau, quelques cargos de transport de marchandises au loin tout au plus.
Nous avons en revanche croisé baleine, dauphins, raies, marlin et autres représentants de la faune aquatique. Sans oublier les oiseaux : à chaque lever et coucher du soleil, nous avions la visite de petits oiseaux type sterne ; surprenant, surtout au milieu de l’Atlantique.
Les repas se constituaient essentiellement de déshydratés, une des bonnes surprises de cette aventure d’ailleurs. Vraiment délicieux. Nous étions en effet, rappelons-le, en autonomie complète. L’énergie étaient produite par les panneaux solaires et stockée dans deux batteries. Elle nous servait à dessaler l’eau (20L/heure, désalinisateur par osmose inverse, électrique), à faire fonctionner nos appareils de navigation (pilote automatique, GPS) et à recharger divers équipements (appareil photo, etc.). La nourriture quant à elle était stockée sous le pont.
Les petits soucis que nous avons du gérer furent essentiellement d’ordre mécanique : forte corrosion des roulements à billes des sièges coulissants, et alimentation défaillante du pilote automatique. Le jeu de l’autonomie ou comment doper l’ingéniosité des membres de l’équipage !
Une belle aventure. Humaine, physique, mentale, globale. Nous avions aujourd’hui repris un quotidien qui, bien loin de nous sembler gris a au contraire une autre saveur.. Un peu plus de sel !
[1] Woodvale Challenge : Fondation anglaise en charge de la course transatlantique à la rame, de La Gomera (Archipel des Canaries) à Antigua (Archipel des Caraïbes). Cette année, 31 équipages ont pris les ligne de départ, anglais pour la plupart.