Le RIPAM expliqué à mon fils plaisancier


 

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- Dis Papa, c'est quoi un navire ?

- Facile ! Règle 3 - Définitions générales a) Le terme « navire » désigne tout engin ou tout appareil de quelque nature que ce soit, y compris les engins sans tirant d'eau, les navions[1] et les hydravions, utilisés ou susceptibles d'être utilisés comme moyen de transport sur l'eau.

- ???

- C'est dans le RIPAM, une planche à voile et un pédalo sont des navires.

- RIPAM ?

- Il s'agît du Règlement International pour Prévenir les Abordages en Mer que tous les navigateurs devraient connaître en théorie. En pratique, les plaisanciers « voileux » n'en connaissent que deux ou trois règles et les marins du commerce qui doivent le connaître « par cœur » quand ils passent leurs examens (c'est éliminatoire) ne se souviennent sans doute que de l'essentiel. En effet, dans sa version américaine le « ColReg » fait 229 pages et dans l'Almanach du Marin Breton 8 pages mais en tous petits caractères !

 

 

 

Le RIPAM est divisé en cinq parties comportant 38 règles il est complété par quatre annexes. Au-delà de son utilité maritime, ce document peut intéresser le logicien mathématicien car c'est aussi une construction intellectuelle analogue, toutes proportions gardées, avec la théorie des nombres : à partir des axiomes (ZFC comme Zermelo-Fraenkel-Choix) qui sont ici les définitions générales (règle 3), tout est construit logiquement. On attend bien sûr le navigateur logicien qui comme Kurt Gödel montrera l'incomplétude du RIPAM !


Ce monument de la pensée maritime ne s'est pas fait en un jour.

Avant le 19° siècle, avec les voiliers en bois relativement lents, il n'était pas nécessaire d'avoir des règles pour éviter les abordages. La situation a changé avec les navires à propulsion mécanique plus rapides et la croissance du trafic. Ainsi et brièvement :

* 1846 : Steam Navigation Act des britanniques, les vapeurs se croisent par bâbord, les vapeurs évitent les collisions en venant sur tribord et les voiliers bâbord amures laissent passer les voiliers tribord amures,

* 1848 : les vapeurs doivent montrer des feux verts et rouge respectivement à tribord et à bâbord ainsi qu'un feu blanc en tête de mat,

* 1863 : les Anglais et les Français mettent en place les « Articles » qui comportent des règles plus précises qui sont adoptée par plus de 30 nations maritimes,

* 1889 : les États-Unis convoquent une Conférence Maritime Internationale et les règles de la Conférence de Washington sont en vigueur en 1897, elles introduisent les signaux sonores (terme générique « sifflets »),

* 1929 : Conférence Internationale sur la Sécurité de la Vie en Mer (SOLAS - Safety of Life at Sea),

* 1948 : nouvelle conférence SOLAS, deuxième mat et feu de mat pour les navires à propulsion mécanique de longueur supérieure ou égale à 50 m, le feu de poupe blanc pour presque tous les navires, etc.,

* 1972 : Plusieurs conférences internationales conduisent aux Réglementations Internationales pour la Prévention des Collisions en Mer (72 COLLREGS) qui sont imposées par l'Organisation Maritime Internationale à tous les navires.

Depuis 1972, des révisions ou amendements à la marge (pour les navions par exemple).

- Ça sert à quoi sur mon voilier ?

- Il y a les règles de barre que tu connais, laisser passer un tribordais par exemple, mais il y a beaucoup de choses que tu ignores, comme les autres plaisanciers, par exemple on ne parle jamais de priorité mais de privilège ; je reproduis ci-après la Règle 18 dans laquelle tu verras que ton voilier n'est pas toujours privilégié :

 

Règle 18 - Responsabilité réciproque des navires

Sauf dispositions contraires des règles 9, 10 et 13.

a)     Un navire à propulsion mécanique faisant route doit s'écarter de la route :

I.     d'un navire qui n'est pas maître de sa manœuvre[2],

II.     d'un navire à capacité de manœuvre restreinte[3],

III.     d'un navire en train de pêcher[4],

IV.     d'un navire à voile[5].

b)     Un navire à voile faisant route doit s'écarter de la route :

I.     d'un navire qui n'est pas maître de sa manœuvre,

II.     d'un navire à capacité de manœuvre restreinte,

III.     d'un navire en train de pêcher,

c)      Un navire en train de pêcher et faisant route doit, dans la mesure du possible, s'écarter de la route :

I.     d'un navire qui n'est pas maître de sa manœuvre,

II.     d'un navire à capacité de manœuvre restreinte,

d)      :

I.     Tout navire autre qu'un navire qui n'est pas maître de sa manœuvre ou qu'un navire à capacité de manœuvre restreinte doit, si les circonstances le permettent, éviter de gêner le libre passage d'un navire handicapé par son tirant d'eau[6], qui montre les signaux prévus à la règle 28.

II.     Un navire handicapé par son tirant d'eau doit naviguer avec une prudence particulière, en tenant dûment compte de sa situation spéciale.

e)     Un hydravion amerri doit, en règle générale, se tenir largement à l'écart de tous navires et éviter de gêner leur navigation. Toutefois lorsqu'il y a risque d'abordage, cet hydravion doit se conformer aux règles de la présente partie

f)       :

I.     Un navion doit, lorsqu'il décolle atterrit ou vole près de la surface, se maintenir à bonne distance de tous les autres navires et éviter de gêner leur navigation.

II.     Un navion exploité à la surface de l'eau doit observer les règles de la présente partie en tant que navire à propulsion mécanique.

 

 

 

 

- Donc dans 3 cas je ne suis pas prioritaire ?

- Privilégié ! Il y aussi des cas particuliers, comme les chenaux étroits (règle 9).

- Mais comment savoir la situation des prioritaires ?

- Privilégiés ! Il faut connaître leurs marques spéciales de jour et leurs feux spéciaux de nuit (règles 23 à 31)

- Ben dit donc !

- J'ai oublié les trains de remorques (règle 24), de nuit si tu ne fais pas attention aux marques, tu crois passer entre deux navires et tu te prends la remorque dans l'étrave ou le mat !

- Faut tout lire ?

- Pas forcément, dans l'Almanach 2010 regarde bien les pages 19, 22 et 23.



[1] Règle 3 - m) Le terme « navion » désigne un engin multimodal dont le principal mode d'exploitation est le vol à proximité de la surface sous l'effet de surface.

[2] voir Règles 3 f) et 27 a)

[3] voir Règles 3 g) et 27 b)

[4] voir Règles 3 d) et 26

[5] voir Règles 3 c) et 25

[6] voir Règles 3 h) et 28

 

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