SYWoC: La petite entreprise des voileux de la 2011

Nicolas Toulemonde (X2011) fait partie du bureau du binet « Sywoc », en fait une association qui organise chaque année la Coupe du monde de Voile des Etudiants (Students Yachting World Cup), qui a remplacé la Course de l’Europe créée en 1979. La Lettre d’X-mer a rencontré pour vous ce passionné de la mer et du vent.

Secrétaire général de Sywoc, en quoi cela consiste-t-il ?

Je ne suis qu’un des membres du bureau de l’association SYWoC, qui est de fait une équipe de quatorze élèves de la promotion 2011 passionnés de voile, et qui organise sous tous les plans cette régate internationale. Cette année du 12 au 19 octobre à Pornic. Nous nous répartissons les rôles : Un président (François Marin-Cudraz), un VP communication (Jean Roussel), un trésorier (François Espinet), et un secrétaire général (moi-même), mais comme dans toutes les micro-entreprises, nous devons tous assurer l’animation et la cohérence entre toutes les missions couvertes ; logistique (3 camarades), recherche de sponsors(1), communication (1), relations avec les équipages (4), organisation de la course (1). Au-delà de cette équipe permanente, nous sommes aidés par des anciens : notamment Denys Robert (EP), Roland Galliot (FFV, Président du Comité de Course), Bernadette Delbard (Présidente du jury international). Cette année, Laurence de Rancourt, qui a traversé l’océan indien à la rame avec Laurence Grand-Clement (X97) l’année dernière, parraine la Coupe.
Si l’on ajoute les membres du jury, le loueur de bateaux, le Club Nautique de Pornic, la Municipalité, le pilote de Zodiac, les prestataires photo-vidéo, le journal télévisé de l’X, ce sont près de 40 personnes qui seront mobilisées à temps plein pour accueillir la centaine d’équipiers de 13 nationalités différentes, les VIP, les journalistes, et le public.

Mais cela ne te prend qu’une semaine par an ?
Oh que non ! Le choix de la ville d’accueil, de la date et du type de bateau nous mobilisent une bonne année à l’avance. La flamme nous a été transmise par le binet de la 2010, déjà en octobre 2012. Et certaines missions sont au long cours, comme les relations avec les sponsors. Nous consacrons donc à ce projet une bonne partie de nos loisirs, sachant que l’Ecole nous dispense de cours seulement durant la semaine des régates.

Quel budget gérez-vous ?
La participation demandée est de 4000€ par bateau et 5 ou 6 équipiers, pour la semaine au cours de laquelle nous assurons l’hébergement, la restauration, l’organisation des courses, la sécurité, la communication etc.. Avec les subventions de nos sponsors notre budget dépasse 100000€, auxquels il faudrait rajouter les prestations en nature de certains partenaires, qui viennent compenser les apports financiers antérieurs, crise oblige… C’est déjà une petite entreprise !

Pourquoi le choix de Pornic cette année ?
Nous avons sollicité une quinzaine de villes côtières, et c’est Pornic qui nous offrait cette année le meilleur ensemble de commodités : l’hébergement et la restauration des participants dans une résidence de vacances superbement rénovée, apte à loger agréablement plus de 100 personnes, un plan d’eau, la Baie de Bourgneuf, raisonnablement abrité mais régulièrement venté à proximité immédiate du port. L’implication forte de la municipalité et du Club Nautique de Pornic, et enfin un loueur local qui peut nous garantir une quinzaine de bateaux quasiment identiques, point fondamental de notre règlement. Il n’est pas interdit de recommencer au même endroit l’an prochain, bien que la philosophie de la course soit de faire varier le lieu d’accueil, et que nous ayons déjà été accueillis par Marseille, Lorient, Brest….

Est-ce une compétition de haut niveau ?
Tous les atouts sont réunis pour ce faire : le J80, petit quillard de 8 mètres, très toilé, a été conçu pour la régate, les manches se succèdent à un rythme soutenu : souvent trois manches dans la journée. Nous comptons environ 2/3 de parcours « banane », et 1/3 de trajets de petite croisière côtière. Chaque équipage de 4 ou 5 (plus un remplaçant) doit compter au moins une fille, mais aussi au moins un garçon. Le rythme est donc soutenu, et si l’ambiance est très conviviale, les équipages ont besoin de se reposer tous les soirs. Néanmoins, trois soirées sont prévues en plus des deux cérémonies, afin de permettre aux étudiants de pouvoir s’amuser dans une ambiance festive. Certains équipages profiteront des soirées jusqu’au bout, d’autres sont issus d’une sélection nationale, et s’entraînent toutes les semaines des mois durant avant de venir en France. Ceux-là sont donc moins là pour la fête que pour le sport, mais ils profitent en général de la soirée des équipages, où nous demandons à tous de ramener un plat de leur pays afin de pouvoir découvrir d’autres cultures.
De plus, le jury est international, et le Comité de course est présidé par Roland Galliot, arbitre officiel de la FFV, ce qui permet de garantir que la SYWoC reste au calendrier de la FFV et de l’ISAF.
Le niveau sportif est d’ailleurs plutôt croissant. A preuve, l’Ecole Polytechnique n’a pas gagné depuis 1988 ! Actuellement ce sont les Irlandais qui sont favoris : ils ont remporté trois fois le trophée depuis 2006. de vrais marins !

Pour l’Ecole, cela devient la routine ?
Absolument pas, car chaque année, tout peut être remis en cause, et certains pays touchés par la crise, peuvent subitement faire défection. Certains de nos sponsors ont eux-mêmes des difficultés. cette année, nous comptons sur AGPM, AT Kearney, la Région pays de Loire.
Pour l’édition 2013 nous avons 14 équipages engagés, de 13 nationalités différentes, surtout des européens, mais aussi le Japon, l’Australie, la Chine, le Canada. Nous avions réussi à monter une équipe représentant Singapour, mais ils ont des problèmes de financement et risquent fortement de ne pas pouvoir venir.
Nous nous plaçons dans une perspective de développement et voudrions que SYWoC soit encore plus international : tous les contacts qui peuvent nous aider à accroître notre notoriété mondiale seront les bienvenus ! En plus, nous souhaitons établir des contacts stables avec certains pays asiatiques et sud-américains afin d’assurer tous les ans leur participation à cette régate. Malheureusement c’est assez difficile et, malgré nos tentatives, nous avons du mal. Nous avons contacté les fédérations de voile, les écoles avec lesquelles l’Ecole avait des relations, mais participer à la SYWoC présuppose l’existence d’un club de voile étudiant, ce qui est moins répandu dans ces pays. Mais petit à petit, on trouve ! Nous espérons pouvoir maintenir à l’avenir, le lien que nous avons établi avec Singapour.
On ne s’ennuie donc pas, on essaye toujours de trouver de nouveaux moyens de se faire connaître à l’étranger afin d’avoir le plus de pays représentés !

Es-tu heureux ?
Ma crainte, c’est que cette année, faute de sponsors, l’Ecole Polytechnique risque de ne pas pouvoir aligner d’équipage. C’est un appel !
Mais l’organisation nous donne à tous une occasion formidable de mener un projet de bout en bout, avec des réalisations concrètes et visibles. Porteur, de plus, de valeurs certaines, souvent celles des marins : excellence sportive, esprit d’équipe, loyauté dans la compétition, ouverture d’esprit par la découverte d’autres cultures (nous essayons de mélanger les plans de table pour que les gens se rencontrent par exemple !).
Nous ne comptons guère nos heures et nous sommes tous des passionnés.

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